Violette Bouyssou : diagnostiquer pour mieux durer

Peux-tu te présenter ?

Bonjour, je m’appelle Violette Bouyssou. Suite à l’obtention de mon bac scientifique, j’ai fait une prépa BCPST (NDLR : prépa Biologie Chimie Physique Sciences de la Terre qui prépare aux écoles d’ingénieur agronome et vétérinaire), puis une licence en Sciences de la Vie. Je suis ensuite entrée à AgroParisTech en 2021, où j’ai fait une première année de cycle ingénieur. En 2e année, je me suis spécialisée en choisissant la dominante Production Filières et Territoires, qui concerne l’amont agricole. Pour clôturer ma 2e année, j’ai choisi de faire un stage en 2 temps : tout d’abord en formation sur le Centre d’écodéveloppement de Villarceaux pour me former à la méthode de diagnostic IDEA4 que j’ai ensuite utilisée lors de ma deuxième partie de stage chez Hectar.

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Qu’est-ce que la méthode IDEA4 ?

IDEA4 est une méthode de diagnostic de durabilité des exploitations agricoles. On évalue l’exploitation selon des critères basés sur l’agroécologie, le socio-territorial, l’économique, la robustesse, l’autonomie, la capacité à produire et reproduire de services et des biens dans le temps, la responsabilité globale. On peut considérer 3 niveaux de durabilité : sur l'exploitation, sur le territoire, et à plus grande échelle, nationale ou internationale. La durabilité sur l’exploitation se base sur le respect de la santé des sols, de la biodiversité, des animaux s’il y a un élevage, des employés… La durabilité étendue au territoire se référera plutôt à la dynamisation du territoire via un certain mode de commercialisation, ou une ouverture de l'exploitation aux citoyen.ne.s ou encore une mutualisation du travail avec des fermes voisines. La durabilité globale sert à répondre aux enjeux de souveraineté alimentaire, de la qualité de l’eau et de l’air… On mesure la durabilité à tous les niveaux et dans toutes les dimensions.

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Quelle a été ta mission chez Hectar ?

Chez Hectar j’ai diagnostiqué la partie grandes cultures (avec et sans l’élevage, pour voir l’impact de l’intégration d’animaux dans un système grandes cultures). J’ai également fait un diagnostic sur une ferme conventionnelle en grandes cultures située dans l’Eure. J’ai ensuite comparé et simulé les données propres à l’atelier floricole d’Hectar pour les intégrer dans les diagnostics et voir les différences que peut apporter cet atelier à des exploitations différentes en termes de durabilité.

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Qu’as-tu appris dans ce stage ?

J’ai eu la chance de commencer mon stage par 10 jours de formation et ai ainsi pu engranger énormément de connaissances. La méthode IDEA4 aborde beaucoup de thématiques différentes dans les exploitations. Pour moi qui n’ai pas de connaissances techniques du milieu agricole, avoir cette approche très exhaustive de différentes pratiques qui existent était très enrichissant. C’est une méthode très détaillée et précise, qui m’a permis d’apprendre beaucoup sur les pratiques et les solutions qui existent dans le secteur agricole, sur les différents modes de commercialisation, les divers types de structures juridiques et de comment elles se traduisent dans l’économie d’une ferme…

J’ai pu également tester les limites de la méthode IDEA4 en l’appliquant dans un cadre pour lequel elle n’a pas été créée. Initialement prévu pour diagnostiquer une ferme, je l’ai utilisée pour simuler l’impact d’un atelier floricole. J’ai pu pousser l’exercice jusqu’aux limites de ce que la méthode peut offrir, et donc avoir une compréhension très fine de comment fonctionne un outil de diagnostic, quelles en sont les limites, et comment interpréter les résultats avec le plus de justesse possible, y compris dans des cas aussi particuliers que celui d’Hectar.

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Quel est ton compte-rendu ?

La ferme pilote d’Hectar ne se distingue non pas par ses activités en tant que telles mais par les pratiques qui y sont menées. Sur les pratiques, il y a une volonté d’expérimentation sur les dimensions sociales et environnementales et non de recherche de rendement, ce qui se retranscrit très bien dans le diagnostic. Le but est d’expérimenter des pratiques et de voir comment elles vont sur le long terme impacter la productivité de la ferme.

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Sur la ferme dans l’Eure ce ne sont pas du tout les mêmes problématiques car elle est conventionnelle et en grandes cultures. La spécialisation se retranscrit très bien dans le diagnostic qui décrit autant les aspects positifs comme la productivité importante mais aussi négatifs l’autonomie, l’impact sur la qualité des sols et de l’air…

Pour l’atelier floriculture, nous avons fait une analyse qualitative supplémentaire pour comprendre comment on peut concevoir l’atelier afin qu’il ait un impact positif sur une ferme biologique ou conventionnelle.

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Tu viens de finir ton stage, que vas-tu faire ensuite ?

Depuis la fin de mon stage je suis en césure, donc je vais profiter de l’été pour faire les vendanges jusqu’en septembre avant de partir en Transatlantique depuis les Canaries jusqu’aux Caraïbes. Ensuite, je voyagerai seule en Amérique du Sud et en Amérique Centrale pour découvrir les cultures locales. J’ai prévu de visiter également des campus agroécologiques pour comprendre les différentes manières de faire de l’agriculture en Amérique Latine. En juillet prochain je rentrerai en France et il me restera un an d’études avant d’obtenir mon diplôme. J’aimerais me spécialiser en sciences politiques pour travailler dans la gestion territoriale ou les actions de politiques publiques, toujours en rapport avec l’agriculture. À terme, j’aimerais m’installer dans une ferme en collectif et mettre en place un projet agricole à plusieurs.

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